Tu as suivi le chemin balisé. Celui qui est reconnu socialement comme sécurisant et intelligent. Tu as choisi en fonction de ce qui t'a été recommandé, selon une réputation, un classement, des avis de personnes proches ou connaisseurs. Tu as répondu aux attentes des autres qui te voulaient comme-ci ou comme-ça. Tu as priorisé ta famille, tes enfants, tes amis, ton patron, ton boulot... Tu t'es fait passer en second pour parvenir à concilier tous tes différents rôles de Wonder Woman (femme, épouse/partenaire, collaboratrice, mère, maîtresse, amie fiable, enfant présent pour ses parents...).

Une décision en entraînant une autre, difficile de faire marche arrière. Parfois tu as eu le sentiment de ne pas vraiment avoir le choix. Les obligations/engagements divers et variés (CDI, mariage, crédits, factures...) ont étouffé toute nouvelle perspective de vie. Pas le temps de penser différemment avec le rythme incessant et répétitif "métro/boulot/dodo". La seule énergie restante, il la fallait bien pour gérer les aléas (rupture sentimentale, déménagements, problèmes domestiques, pannes de voiture, crises au travail, crises des enfants...). Bref, bien peu de place pour imaginer briser toutes ces chaînes et retrouver ta liberté d'être.

Tu as évité les risques. Tu es allée là où tu avais le plus de chances de réussir. Tu voulais éviter de te tromper... Tu as préféré les certitudes aux incertitudes. Il a été difficile de t'éloigner de ta routine et de tes habitudes qui t'aident à "maîtriser" ta vie. Tu as fait taire tes envies et contenu tes élans au profit du raisonnable. Tu as mis en sourdine ta petite voix intérieure pour te rassurer. Tu as misé sur - ce que tu sais - qui fonctionne pour toi. Tu as fais le choix du prévisible. Tu as fais le choix de rester en terrain connu pour mieux contrôler et ne pas déchanter. Tu as mis de côté tout ce que ton être intérieur aurait voulu te dire. Tu as fini par l'oublier. Tu te demandes souvent qui tu es au fond et comment tu aimerais voir évoluer ta vie. Mais à force de contrôle, il est devenu très compliqué de trouver des réponses. Tout est sous contrôle, sauf ton identité. Elle est devenue floue... Et maintenant, quoi faire ? Quelle direction prendre ?

Bien sûr, comme la plupart des gens. Je me suis également faite avoir. J'ai eu des milliers de raisons de choisir de faire des études de droit : 

La liste est longue... Où sont mes rêves, mes envies, mes passions là dedans. Où est mon identité là dedans ? J'ai suivi un chemin non pas motivé par mes souhaits personnels. Mais un chemin motivé par la peur de reproduire le schéma de mes parents...
Je t'épargne la suite à ce stade mais au-delà des études et de la profession, j'ai également suivi le même genre de logique "rationnelle" sur le plan sentimental.
Mais je te réserve la suite et les détails croustillants dans le contenu du programme...

Bien sûr ! A part mon job de juriste et cette attente impatiente des vacances à poser pour partir m'évader... je n'avais pas grand chose d'autre dans la vie pour me définir.
Je n'avais pas le temps ni l'idée de me demander si j'étais sur le bon chemin pour m'épanouir dans la durée...
Et puis, si je n'étais pas juriste, j'aurais fait quoi d'autre ?
J'avais totalement oublié toute la part créative et artistique qui sommeillait en moi. J'étais Loren l'intellectuelle, la bien rangée dans le monde corporate du lundi au vendredi... Et j'étais la fille qui posait son cerveau de côté le vendredi soir pour me vider la tête le week end. Là je passais en mode farfelue et perchée sur ma planète pour oublier les 5 jours précédents... Je ne savais même plus pourquoi je faisais ce boulot, c'était comme ça, c'est tout. J'étais juriste, ça sonnait bien. C'était rassurant, ça voulait vraiment dire quelque chose dans cette société... J'avais un bon salaire et ça faisait du bien. Métro boulot dodo... Certes, mais je n'avais pas le choix si je voulais garder toute cette sécurité. Et puis j'étais qui au fond ? Je n'avais pas de talent particulier... Je devais déjà m'estimer heureuse d'avoir obtenu tout cela alors que je partais de loin à la base... Et puis vraiment, je ne voyais même pas d'autre option possible. Tout ce que je savais faire c'était bosser dur à analyser des textes. Au fond, je ne savais pas qui j'étais ni qui j'avais envie de devenir en tant que femme... Une seule chose était certaine, je pouvais au moins répondre : "je suis juriste". Cela définissait toute mon identité. Aujourd'hui, je suis heureuse de pouvoir répondre : "je suis Loren et je porte ma couronne - celle qui me ressemble et qui correspond à mon Royaume". (Ok ça fait un peu mégalo dit comme ça ahaha... mais la métaphore de la Reine est trop belle et parlante...)